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L'étude rétrospective des patients hospitalisés pour un abcès périamygdalien entre le 1er janvier 1998 et le 31 décembre 2007 dans une structure de soins secondaire en Israël révèle quelques changements dans les caractéristiques de cette pathologie au cours de cette période.
La cohorte comptait 427 patients, soit une incidence annuelle d'abcès périamygdalien (APA) de 0,9 p. 10 000.
Les malades (54,8 % d'hommes) étaient âgés en moyenne de 31,6 ± 15,2 ans. L'APA, apparu sans prédominance saisonnière, de localisation gauche chez 51,5 % des sujets, situé à droite chez 48,3 % et bilatéral chez 1 patient, a récidivé dans 11 % des cas et a eu une évolution compliquée pour 3 % (cellulite parapharyngée, oedème supraglottique).
Au total, 24,4 % des patients étaient âgés de 40 ans ou plus (moyenne d'âge du groupe des 40 ans ou plus : 52,6 ± 11,9 ans, extrêmes : 40-91 ans), et la proportion relative de patients plus âgés était plus forte au cours des 5 dernières années de la période étudiée, de 2003 à 2007 (26,1 %), que pendant les 5 premières, de 1998 à 2002 (22,3 %), la différence n'atteignant cependant pas la significativité statistique.
Chez les plus de 40 ans, en comparaison du groupe des moins de 40 ans, la durée d'hospitalisation était plus longue (3,7 ± 1,7 versus 3,3 ± 1,1 jours ; p = 0,047), le taux de fumeurs plus élevé (42,3 % versus 30,9 % ; p = 0,02) et la fréquence de complications accrue (2,3 % versus 0,7 % ; p < 0,001).
Autre tendance, l'APA survenait plus souvent, au cours des dernières années, sans être précédé par une pharyngite ou une d'amygdalite ou encore malgré une antibiothérapie (58,2 % des patients). La proportion de patients ayant eu un APA malgré une antibiothérapie était ainsi au cours des 5 dernières années de 61,9 % versus 46,1 % au cours des 5 premières années (p = 0,04).
Le fait d'avoir été traité préalablement par antibiotiques était associé à une tendance à une durée plus longue des symptômes (fièvre, douleurs à la déglutition, maux de gorge...) avant admission en comparaison de l'absence d'antibiothérapie (plus de 4 jours chez 49 % versus 29 % des patients ; p < 0,001).
Les résultats des cultures laissent apparaître aussi des changements au cours de la décennie étudiée. Pendant les premières années on retrouvait plutôt des germes à prédominance anaérobie, les dernières années étant marquées par l'apparition d'atteintes polymicrobiennes, aérobie et anaérobie, par un accroissement de la proportion de cultures « sans croissance bactérienne », et par une incidence accrue d'isolement de Streptococcus viridans chez les fumeurs traités par antibiotique avant la survenue de l'APA.
La fréquence du tabagisme, de 33,7 % dans la cohorte, était significativement plus élevée que celle observée dans la population générale (25,5 %). L'analyse associe au tabagisme, outre l'incidence significativement accrue d'isolement de S. viridans chez les fumeurs ayant reçu une antibiothérapie avant l'APA (51,1 % des patients fumeurs) une tendance, non significative, aux complications (6 patients sur 13 ayant eu une complication étaient fumeurs).
Ces résultats, témoignant d'une tendance au changement des caractéristiques des abcès périamygdaliens au cours de la dernières décennie, suggèrent deux facteurs de risque potentiels d'APA et d'APA compliqué : l'avancée en âge et le tabagisme.
Marom T et coll. : Changing trends of peritonsillar abcess. Am J Otolaryngol, Publication avancée en ligne, 24 avril 2009.
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