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La salive de la tique comme anticoagulant |
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La tique injecte à ses hôtes une série de molécules. Le Dr Godfroid, de l'ULB, espère en tirer un médicament contre les thrombosees tiques, tous les scouts le savent, c'est un peu le cauchemar des camps d'été. Ces petits insectes avides de sang n'hésitent pas à s'accrocher longuement à l'un ou l'autre animal à sang chaud passant à proximité pour lui sucer le sang. Y compris les grands primates évolués que nous sommes quand nous fréquentons leurs territoires : les jardins, les parcs, les bois, les prairies… De plus, ces insectes risquent aussi de nous transmettre à l'occasion toute une série de maladies dont la plus grave est sans doute la borréliose ou maladie de Lyme. C'est dire si on les voit d'un mauvais œil.
« Quand une tique mord son hôte, elle lui injecte via sa salive tout une série de molécules », explique le Dr Edmond Godfroid, du service de biologie moléculaire des ectoparasites de l'ULB à Gosselies (Institut de biologie et médecine moléculaires). « Ces molécules, ces protéines, servent à bloquer les mécanismes de défense de sa victime. Une fois piqué, l'homme ne s'en rend pas compte, l'insecte peu alors lui sucer longuement le sang. »
Ce tour de force mis au point par la tique résulte de son évolution. Au cours de celle-ci, la tique a en effet sélectionné toute une série de protéines lui permettant d'endormir nos défenses naturelles, qu'il s'agisse de nos réactions inflammatoires, de notre réponse immunitaire ou encore de notre capacité à coaguler.
Et c'est précisément en étudiant ces mécanismes qu'Edmond Godfroid a découvert, outre la richesse de cette « faune » moléculaire dans la salive de la tique, quelques composés particulièrement prometteurs en médecine humaine.
« L'être humain dispose d'environ 100.000 gènes dont une partie code des protéines », rappelle le chercheur. « La tique en dispose de 240.000, lesquels sécrètent des familles entières d'anticoagulants, d'anti-inflammatoires, de molécules anesthésiques ou encore des modulateurs de la réponse immunitaire. C'est ce qui lui permet de passer inaperçue quand elle se nourrit. »
Une de ces protéines sécrétée par la tique, et baptisée Ir-CPI par l'équipe, agit sur des facteurs de coagulation peu utilisé actuellement en médecine humaine. « Il s'agit des facteurs XIa et XII, des facteurs de contact, précise le Dr Godfroid. En agissant sur ces facteurs, la tique évite la coagulation du sang de son hôte. Elle peut donc continuer son repas (qui dure des dizaines d'heures) à son aise. »
Cette protéine Ir-CPI présente la particularité de fluidifier le sang intelligemment, ni trop, ni trop peu, ni trop longtemps. C'est un anticoagulant qui permet d'éviter, voire d'éliminer des caillots sanguins susceptibles de bloquer une veine ou une artère (la thrombose).
« Elle a la propriété d'empêcher la formation d'un “thrombus” sans pour autant déséquilibrer la balance de la coagulation. » Ce qui par contre est un problème avec les médicaments actuellement utilisés en médecine (héparine). « Surdosés, les médicaments actuels peuvent provoquer une hémorragie. Sous-dosés, ils peuvent conduire à la thrombose… »
lesoir.be
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