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Cancer : Les bienfaits de l'aspirine se confirment |
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| Une enquête publiée mardi révèle que 75 mg d'aspirine par jour réduisent de 20% la mortalité par cancer.
Plus de cent ans après sa commercialisation, l'aspirine n'en finit pas de livrer ses secrets et surtout ses bienfaits. Dernier en date: un effet préventif quasi universel vis-à-vis des cancers, lorsqu'elle est prise à petite dose pendant des années. Jusqu'ici, cette propriété avait surtout été étudiée et solidement établie pour les tumeurs colorectales. Il y a quelques semaines, une étude de l'équipe britannique du Pr Peter Rothwell, de l'université d'Oxford, avait ainsi évalué qu'une consommation minime d'aspirine (75 milligrammes par jour) au long cours réduit de 24% le risque de cancer colo-rectal, et d'un tiers sa mortalité chez les personnes déjà atteintes.
Effets secondaires digestifs
Cette même équipe publie mardi, toujours dans la revue britannique The Lancet, de nouvelles données selon lesquelles l'acide acétylsalicylique (aspirine) agit sur bien d'autres tumeurs malignes, réduisant au moins de 20% leur mortalité. Pour étudier les relations intimes entre prise d'aspirine et cancers, Peter Rothwell et ses collègues se sont repenchés sur les grandes études comparant l'aspirine à un placebo ou à un autre produit - antiagrégant ou anticoagulant - en prévention des maladies cardio-vasculaires. L'aspirine est, en effet, l'un des traitements de fond classiques pour fluidifier le sang chez les individus à haut risque d'accidents cardiaques. Au total, sept essais ont ainsi été réanalysés, incluant 25.570 patients. Parmi eux, 674 sont décédés de cancers. Globalement, chez les malades sous aspirine, la mortalité par tumeur maligne s'est avérée réduite de 21% pendant la durée des études. Les bénéfices étaient encore plus marqués au-delà de cinq ans, avec une diminution de 34% tous cancers confondus, et même de 54% s'agissant des tumeurs gastro-intestinales.
Les effets de l'aspirine apparaissent au bout d'environ cinq ans pour les cancers de l'œsophage, du pancréas, du cerveau et du poumon; après une dizaine d'années pour ceux de l'estomac et du côlon et d'une quinzaine d'années s'agissant des cancers de la prostate. Dans les essais où le suivi a été très long, les bénéfices se sont maintenus pendant plus de vingt ans, insiste Peter Rothwell, qui précise aussi qu'ils sont «limités à certains cancers, surtout ceux de type adénocarcinomes».
«C'est un travail très bien fait, solide sur le plan méthodologique, et qui ouvre la voie à une approche de prévention efficace et faisable des cancers, s'enthousiasme le Dr Catherine Hill, épidémiologiste à l'Institut Gustave-Roussy (Villejuif). Jusqu'à présent, dans ce domaine, la prévention a fait surtout appel à la lutte contre des facteurs de risque, comme le tabac, l'alcool… Mais en ce qui concerne les médicaments, il n'y a pas grand-chose. Plusieurs pistes ont été envisagées, comme celle du tamoxifène pour prévenir le cancer du sein ou encore des anticox (anti-inflammatoires, NDLR) mais elles sont tombées à l'eau car il y avait plus de risques que de bénéfices.» Concrètement, peut-on recommander à tout un chacun de prendre chaque matin une petite dose d'aspirine?
En ce qui concerne les cancers colorectaux, on n'en est pas si loin. Dans son article précédent publié en octobre, Peter Rothwell suggérait de le faire pour les individus à haut risque de ces tumeurs, du fait d'un terrain familial. Mais une «chimioprévention» plus large dans la population semblait prématurée, notamment du fait des effets secondaires digestifs de la molécule. C'est toujours le cas. «D'autres travaux sont nécessaires» admettent aujourd'hui les chercheurs britanniques, qui soulignent notamment le manque de données concernant les cancers féminins, en particulier du sein.
En attendant, ils considèrent que chez les individus qui relèvent d'un traitement antiagrégant, leurs résultats ont de quoi faire pencher la balance en faveur de l'aspirine.
Le Figaro |
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