Les cancers de la thyroïde dus à la radioactivité porteraient une signature différente selon les radiations subies. Une découverte qui laisse espérer un futur dépistage.
Les chercheurs du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) viennent de réaliser une avancée majeure : les cancers de la thyroïde dus à la radioactivité porteraient une signature génétique. Au départ, les scientifiques cherchaient à tracer l'origine des cancers et notamment celui de la thyroïde. "En France, les cancers de la thyroïde augmentent de 6,1 % par an pour les hommes et de 8,2 % pour les femmes depuis 20 ans. Or il n'existe aucun moyen pour mesurer le rôle que joue la radioactivité dans ces hausses. Il faut donc réaliser des études au cas par cas", explique Sylvie Chevillard, chef du laboratoire de cancérologie expérimentale au CEA. C'est ce à quoi les scientifiques du CEA, en collaboration avec l'institut Gustave Roussy de Villejuif et l'hôpital Pasteur de Nice, se sont attelés.
Publiée dans la revue spécialisée Plos One, l'étude révèle que les cancers de la thyroïde induits par les radiations sont sur le point d'être démasqués. Les scientifiques ont en effet réussi à déceler un marqueur génétique propre aux cancers de la thyroïde causés par irradiation, autrement dit une "signature" spécifique pour chaque type de cancer de la thyroïde dû à la radioactivité. Et à l'heure actuelle, ils sont en mesure - sous réserve de tests plus larges visant à confirmer leur découverte - de déceler deux natures de cancer de la thyroïde. D'abord ceux causés par radiothérapie, car ce traitement censé détruire les cellules cancéreuses par de fortes radiations peut, dans de rares cas, provoquer l'apparition de tumeurs. Puis ceux qui proviennent d'une contamination par une exposition type post-Tchernobyl, tels les cancers dont sont atteints les enfants nés en Ukraine et en Biélorussie.
L'avancée est de taille mais ne permet toujours pas de détecter les cancers découlant d'une irradiation à de très faibles doses radioactives comme en France. Car avec la technique d'analyse utilisée par le CEA, la signature génétique d'un cancer induit par une exposition à de faibles doses nécessite que les scientifiques puissent étudier des cas avérés de contamination à ces doses. Et ce n'est pas une mince affaire comme le précise Sylvie Chevillard : "En France, cela représente entre deux et trois cas parmi les 3 700 nouveaux chaque année."
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