MALADIE DE VAQUEZ
Publié par osiris le Avril 29 2008 21:14:07
1 - DEFINITION

La maladie de VAQUEZ est une maladie de la moelle osseuse qui entraîne une production exagérée de globules rouges. On aboutit ainsi à une polyglobulie. La maladie de VAQUEZ est appelée encore polyglobulie primitive ou en anglais POLYCYTHEMIA VERA.

2 - LA MOELLE OSSEUSE

La moelle osseuse c’est à dire la moelle contenue à l’intérieur des os produit de manière permanente toutes les cellules qui circulent dans notre sang. Il s’agit d’un véritable organe réparti dans la plupart des os de notre squelette qui a une capacité de production très importante puisque près de 800 milliards de cellules sortent tous les 24 heures dans la circulation.
La moelle osseuse est bien à distinguer de la moelle épinière qui est une partie du système nerveux qui se trouve située au dessous du cervelet dans l’axe que forme notre colonne vertébrale. La moelle épinière n’est pas située dans les vertèbres mais dans un canal spécialement aménagé comme une cheminée protégée par une partie des vertèbres.

La moelle osseuse produit les cellules dont nous avons besoin :
- Les cellules appelées globules rouges qui transportent l’oxygène à partir des poumons vers tous les tissus de l’organisme, oxygène qui est nécessaire à la vie de l’ensemble de nos cellules.
- Les globules blancs qui comportent d’une part des polynucléaires cellules chargées de combattre les microbes, d’autre part des lymphocytes cellules chargées de nous protéger contre tout ce qui est étranger à notre organisme et qui interviennent dans les phénomènes immunologiques.
- Les plaquettes sont de très petites cellules qui sont chargées d’assurer l’obturation de toutes les blessures de notre système vasculaire et d’éviter ainsi tout saignement.
A l’état normal, la quantité de cellules produites chaque jour répond exactement aux besoins que nous avons. La régulation de cette production est assurée par des signaux émis à partir des besoins périphériques qui circulent sous la forme de véritable hormones et vont déclencher le mécanisme de fabrication ou éventuellement d’arrêt de fabrication au niveau de la moelle osseuse.
La moelle osseuse est un organe très complexe puisqu’elle est capable de fabriquer 8 types de cellules différentes à partir d’un stock de cellules primitives qui constitue notre réserve pour toute notre vie.
La capacité de la moelle osseuse à réagir aux besoins est très importante, puisqu’elle peut multiplier sa fabrication selon les moments jusqu’à 10 fois par rapport à la fabrication normale.

3 - LES POLYGLOBULIES

Ce sont des maladies dans lesquelles la fabrication des globules rouges est augmentée au delà de la normale.
La production des globules rouges est contrôlée par l’érythropoïétine (Epo).
Celle-ci est produite à l’état normal par le rein selon la quantité d’oxygène présente dans nos tissus.
En cas de manque d’oxygène, on observe une augmentation de la fabrication des globules rouges à la suite d’une augmentation de la fabrication de l’érythropoïétine. A l’inverse quand trop de globules rouges ont été fabriqués, on observe une diminution voire un arrêt de la fabrication d’érythropoïétine et donc un arrêt de la fabrication de globules rouges.
Plusieurs maladies peuvent perturber ce mécanisme très précis :
Soit il y a une raison normale pour que la fabrication d’érythropoïétine augmente : par exemple une difficulté respiratoire qui empêche l’oxygène d’être captée au niveau des poumons, ou un séjour prolongé dans une atmosphère pauvre en oxygène tel qu’un séjour prolongé en haute altitude. Dans ces cas, la fabrication d’érythropoïétine augmente pour permettre à notre organisme de recevoir plus d’oxygène par une augmentation de la quantité de globules rouges circulants. On observe ainsi une polyglobulie qui répond à une demande précise. Dans ce cas, le nombre de globules rouges augmente jusqu’à un certain niveau et la production reste ensuite normalement contrôlée.
L’excès de consommation de tabac peut aboutir aussi à une polyglobulie car cette situation créée une véritable intoxication oxy-carbonée (comme avec un poêle qui a une mauvaise évacuation), il y a donc une demande supplémentaire d’oxygène et la fabrication de globules rouges augmente pour y faire face. On peut donc observer chez certains grands fumeurs une véritable polyglobulie.

Une augmentation de la fabrication d’érythropoïétine peut être observée au cours de certains cancers : le cancer du rein, le cancer du foie et certaines tumeurs beaucoup plus rares touchant d’autres organes. Dans ces cas, ce sont les cellules cancéreuses elles-mêmes qui fabrique de l’érythropoïétine à la suite du dérèglement du fonctionnement de la cellule. La production de globules rouges augmente obligatoirement selon le niveau d’érythropoïétine fabriqué.
Il est beaucoup plus rare d’observer des polyglobulies à la suite d’anomalie héréditaires portant sur les systèmes de transport de l’oxygène.
Une polyglobulie peut être associée à un fibrome de l’utérus et disparaître après son traitement.
La maladie de VAQUEZ se distingue des situations que nous venons de voir car il n’y a aucune perturbation dans la synthèse de l’érythropoïétine. Il s’agit d’un " emballement " de la moelle osseuse qui échappe au contrôle de l’érythropoïétine ce qui aboutit à une production élevée de globules rouges. On constate à l’inverse un ralentissement voire une diminution très forte de la synthèse d’érythropoïétine puisque le nombre de globules rouges est trop élevé.
Il s’agit d’une maladie de la moelle dans laquelle des cellules qui vont donner naissance aux globules rouges peuvent être reconnues au laboratoire car elles n’ont pas besoin d’érythropoïétine pour se développer.
Cette anomalie découverte il y a 25 ans est la caractéristique de la maladie de VAQUEZ et permet d’en établir le diagnostic avec certitude.
On ne connaît pas par contre la cause qui aboutit à l’apparition de ces cellules.

4 - LA MALADIE DE VAQUEZ

La maladie de VAQUEZ se développe habituellement après l’age de 45 ans. Elle touche plus particulièrement les hommes que les femmes.
Il ne paraît pas exceptionnel cependant d’en faire le diagnostic chez des personnes plus jeunes, mais il est très rare de l’observer chez des enfants. Il s’agit d’un trouble qui apparaît dans toutes les populations. Son incidence est de l’ordre de 10 nouveaux cas pour 100 000 habitants par an.

4.1 - Les symptômes cliniques :
Comme toute polyglobulie, la maladie de VAQUEZ va entraîner une coloration anormalement rouge du visage, des mains et des pieds. Cette coloration dite érythrose peut s’étendre également au niveau de l’ensemble de la peau et au niveau des yeux. Elle peut se reconnaître au niveau de la paroi du palais qui prend une couleur beaucoup plus foncée qu’à l’état normal.
Cet aspect rouge donne très souvent l’impression d’être bien portant ce qui peut retarder le diagnostic.
Des démangeaisons au contact de l’eau tiède ou chaude sont également observées. Elles ne surviennent pas au contact de l’eau froide. Ce symptôme paraît être la conséquence d’une dilatation des vaisseaux superficiels de la peau.
On peut également observer des douleurs des doigts et des orteils qui sont rouges et chauds.
Une paralysie de la moitié du corps est une complication plus rare qui est parfois le motif de son diagnostic. Habituellement, les malades se plaignent de maux de tête, de lourdeurs, de difficultés transitoires de la vue, des mouvements volontaires d’un des membres, ou d’une difficulté transitoire d’écrire. Tous ces symptomes sont le résultat de difficultés circulatoires provoquées par l’excès de globules rouges dans le sang.

4.2 - Symptômes biologiques

La maladie de VAQUEZ provoque avant tout une augmentation du nombre des globules rouges mais souvent on observe une augmentation plus modérée du nombre des globules blancs et du nombre des plaquettes. L’examen des cellules du sang va permettre de constater que le nombre de globules rouges s’élève au delà de 6 millions/mm3 et peut parfois atteindre 8 à 9 millions. De la même manière, le taux d’hémoglobine qui est le pigment rouge qui colore nos globules et la peau et qui assure le transport de l’oxygène peut parfois s’élever de 18 à 21 g/dl. L’hématocrite qui mesure le volume des globules rouges dans le sang est également élevé. Il servira à mesurer l’importance de la polyglobulie et son évolution sous traitement.
L’augmentation des globules blancs quand elle existe est habituellement modérée, comprise entre 10 et 15 000 globules blancs/mm3. De la même manière, l’augmentation des plaquettes est aussi modérée pouvant doubler par rapport à la normale.
Si une étude de la moelle osseuse par biopsie est réalisée, on va constater qu’elle est remplie de cellules alors que les espaces naturels de réserve ont complètement disparu.
On peut également constater une augmentation du taux de l’acide urique dans le sang et parfois un abaissement de la quantité de fer circulant, voire un abaissement des réserves à cause des besoins augmentés de la moelle osseuse pour fabriquer les globules rouges.

4.3 - Moyens de diagnostic
La reconnaissance de la maladie de VAQUEZ est établie par une série de vérifications précises.
. Il s’agit d’abord de mesurer le volume que les globules rouges occupent exactement dans la circulation. Cette mesure est effectuée en recueillant du sang de la personne concernée, puis en le mettant en présence d’une très petite quantité d’un isotope radioactif qui va se fixer sur les globules rouges. La réinjection de ces globules ainsi reconnaissables par la radioactivité qu’ils émettent va permettre de vérifier quel est leur devenir et de calculer le volume exact qu’ils occupent dans la circulation. Cette mesure permet d’éviter les erreurs qui pourraient être dues à un manque de plasma c’est à dire de la fraction liquide du sang. Un tel manque peut apparaître lorsqu’un régime désodé est maintenu de façon très prolongé associé par exemple à des médicaments pour augmenter la quantité d’urine. Dans ces cas, la mesure simple des globules rouges peut faire penser à une polyglobulie alors qu’il s’agit d’un manque de liquide qui fausse le résultat des mesures habituelles.
On a fixé des normes qui permettent de définir une augmentation pathologique du volume globulaire qui définit véritablement la polyglobulie. Ces normes varient selon le sexe.
. Deux autres éléments peuvent être associés pour porter le diagnostic :
- l’existence d’une rate augmentée de volume palpable à l’examen.
- l’augmentation du nombre des globules blancs au delà de 12 000/mm3 et des plaquettes au delà de 500 000/mm3.
. Il importe également d’éliminer toute cause facilement reconnaissable de la polyglobulie par : une échographie abdominale et rénale. Cet examen non douloureux permet de reconnaître éventuellement l’existence d’une rate plus volumineuse ou bien d’une anomalie au niveau du foie ou bien encore une anomalie au niveau des reins.
. Quand une gêne à la respiration existe ou bien une circonstance qui permet de penser que l’oxygène est mal fourni au niveau des tissus, il faut faire une étude des gaz du sang, c’est à dire une mesure à partir d’un prélèvement de sang artériel de la pression d’oxygène qui règne au niveau du sang artériel, de la quantité d’oxygène fixée sur l’hémoglobine mais également chez les fumeurs de déterminer la quantité de carboxy-hémoglobine présente dans le sang.
. Si toutes ces vérifications ne permettent pas de reconnaître la cause de la polyglobulie, il faut pouvoir réaliser une étude des cellules qui donnent naissance aux globules rouges au laboratoire. Ce test est réalisé maintenant de manière très simple à partir d’un prélèvement veineux qui donne les mêmes résultats qu’un prélèvement au niveau de la moelle osseuse. Les cellules ainsi retirées sont mises en culture dans une boite en plastic contenant un milieu nutritif et de l’érythropoïétine, alors que dans une autre boite les cellules sont placées dans un milieu nutritif sans érythropoïétine. Ces boites sont placées dans une ambiance chaude et humide. On observe le développement de cellules contenant de l’hémoglobine à partir du 8ème jour et de manière encore plus nette vers le 15ème jour. L’hémoglobine étant un pigment rouge, sa présence permet de reconnaître facilement les cellules.
Chez le sujet normal, on va constater le développement de cellules contenant de l’hémoglobine lorsque l’on a rajouté de l’érythropoïétine ; par contre aucun développement ne sera observé en l’absence d’érythropoïétine. Chez un malade atteint de maladie de VAQUEZ, on observe par contre la présence de cellules contenant de l’hémoglobine même dans la boite de culture qui contenait pas d’érythropoïétine. Ce résultat traduit avec exactitude la présence d’une anomalie au niveau de la moelle osseuse et caractérise la maladie de VAQUEZ.

4.4 - Evolution
La maladie de VAQUEZ est actuellement traitée de manière efficace par des médicaments qui ralentissent le fonctionnement de la moelle osseuse.
Les 2 principaux médicaments utilisés sont l’HYDREAR et le VERCYTER.
Ces médicaments sont administrés sous la forme de comprimés à des doses variables selon le niveau de la polyglobulie.
Habituellement après 6 à 8 semaines on constate un retour à la normale des chiffres de globules rouges. Le traitement ensuite est adapté selon le niveau de l’hématocrite. Ce traitement doit être poursuivi de manière permanente, car il n’y a aucun moyen actuellement de bloquer de manière définitive le surcroît d’activité de la moelle osseuse.
Les contrôles sanguins pendant les premières semaines sont habituellement rapprochés c’est à dire une fois tous les 15 jours ou toutes les 3 semaines. Ensuite les contrôles peuvent être très espacés et vont dépendre de la manière dont la polyglobulie est contrôlée. Habituellement, les contrôles peuvent être effectués tous les 4 à 6 mois seulement.
Dans la très grande majorité des cas, la polyglobulie est ainsi facilement stabilisée et les remontées de l’hématocrite sont peu importantes ou observées après des intervalles longs.
Plus rarement, la polyglobulie est difficile à stabiliser et on est amené à modifier très souvent la dose du médicament utilisé. Lorsqu’un des 2 médicaments se révèle peu efficace, il est utile de vérifier l’efficacité du médicament qui n’a pas encore été utilisé. Ces médicaments sont également dans l’ensemble très bien tolérés. Chacun d’entre eux peut avoir cependant des effets indésirables :
Avec l’HYDREA, il s’agit habituellement d’un retentissement sur la peau qui ne se fait jour qu’après plusieurs années d’utilisation : une sécheresse, voire un aspect un peu cartonné par endroits ; des ulcères peuvent apparaître au niveau des jambes et dans ce cas, il est indispensable de changer de médicament.
Avec le VERCYTER, on peut observer une diarrhée, et très rarement une éruption sur le visage faite de boutons rouges.

Ces 2 médicaments sont également bien tolérés sur le plan hématologique : l’abaissement du nombre des globules rouges de l’hémoglobine et de l’hématocrite qui est l’effet désiré s’accompagne d’un abaissement limite du nombre des globules blancs et des plaquettes.

Deux autres moyens thérapeutiques sont à notre disposition :
- le radiophosphore 32 : il s’agit de phosphore marqué avec un isotope radio-actif qui se fixe le long de la moelle osseuse à la limite de celle-ci et qui provoque une irradiation lente mais continue ce qui aboutit à un ralentissement global du fonctionnement de la moelle. Ce médicament est administré soit par la bouche, soit par voie intra-veineuse. Il est utilisé depuis 1940 et on connaît bien maintenant son mode de fonctionnement, son efficacité et les effets indésirables. Il agit habituellement en 2 mois et dans les cas ou son effet n’a été que partiel, on peut redonner une nouvelle dose pour obtenir une normalisation de l’hémogramme.
Son avantage est que l’effet qu’il provoque va persister pendant plusieurs mois, voir plusieurs années sans qu’il soit nécessaire d’en redonner une nouvelle dose. Après plusieurs années cependant, il peut entraîner des complications hématologiques.
Actuellement, il est réservé uniquement à des personnes très âgées qui ne peuvent bénéficier d’un suivi régulier.
- L’interféron : l’interféron est une molécule naturelle que nous avons tous dans notre organisme qui est fabriquée par génie génétique depuis près de 20 ans. L’interféron a un effet anti-viral mais également un effet de ralentissement du fonctionnement de la moelle osseuse. C’est cette dernière propriété qui le fait utiliser dans certaines maladies ou la moelle osseuse est trop active. Un effet bénéfique a pu être observé dans la maladie de VAQUEZ. L’interféron cependant nécessite des injections sous-cutanées très rapprochées, voir quotidiennes. Il a aussi des effets indésirables surtout pendant les premières semaines de son utilisation : fièvre, courbatures, fatigue, et des effets parfois plus tardifs tels qu’une chute trop importante du chiffre de plaquettes.

Il est actuellement utilisé dans des cas ou tous les autres moyens thérapeutiques ont échoué.
Les saignées sont un traitement immédiat de la surcharge de globules rouges mais ne peuvent être considérées comme le vrai traitement de la maladie de VAQUEZ. La saignée doit être d’un volume suffisant au moins 300 cm3 à chaque fois. Elle est habituellement répétée 3 à 4 fois lorsque l’on veut obtenir une réduction très importante de la surcharge vasculaire à cause du risque des accidents de thrombose ou hémorragiques. Elle entraîne une amélioration immédiate et une grande sensation de mieux être.
Elle n’empêchera pas la production exagérée de la moelle de se maintenir et de fait, on observera une reprise très rapide de l’excès de globules rouges dans le sang. A la longue, les saignées répétées vont aboutir à une carence en fer, métal essentiel pour la fabrication des globules rouges. On observera ainsi l’apparition de globules rouges de plus en plus petits ce qui aura pour effet de dissocier le chiffre des globules rouges qui pourra être très élevé du taux de l’hémoglobine et du taux de l’hématocrite qui pourront paraître normaux voire inférieurs à la normale. En effet, lorsqu’une carence en fer existe, la quantité d’hémoglobine produite est réduite et les globules rouges deviennent petits.
La saignée est considérée actuellement comme un traitement d’urgence ou comme un traitement qui permet de temps à autre d’alléger la chimiothérapie surtout si la polyglobulie est difficilement stabilisée.
Le sang ainsi recueilli ne peut servir à d’autres personnes.

L’ensemble de ces traitements a permis de réduire de manière très importante les complications vasculaires que l’on pouvait observer auparavant durant la maladie de VAQUEZ, complications dues à la très mauvaise circulation des globules rouges en excès et donc à l’obstruction des vaisseaux.
Des accidents peuvent cependant encore survenir qui nécessiteront un traitement approprié.

Il n’est pas rare d’observer au cours de l’évolution de la maladie après de très longues années l’apparition d’une augmentation plus importante que par le passé du nombre des globules blancs et des plaquettes. L’augmentation du nombre des globules blancs ne nécessite en général pas de mesure particulière car elle n’est pas gênante. L’augmentation du nombre de plaquettes peut par contre nécessiter une adaptation du traitement pour réduire le risque de complications vasculaires que cette anomalie peut entraîner.
Il peut y avoir une dissociation entre la stabilité du nombre de globules rouges et l’évolution du nombre des plaquettes.

Le prurit à l’eau chaude que nous avons signalé comme un des symptomes possibles de la maladie n’évolue pas toujours de manière aussi favorable que pourrait le laisser penser le retour du nombre de globules rouges à la normale. Il a tendance à s’atténuer mais chez certaines personnes ne disparaît pas entièrement.
Ce symptôme reste très difficile à traiter et il faut tenter l’utilisation de médicaments très divers tels que la CIMETIDINE ou des anti-allergiques tels que la LORATADINE. Le mécanisme précis qui provoque ce symptôme n’est pas en effet entièrement bien connu.

La maladie de VAQUEZ est ainsi une maladie chronique facilement contrôlée qui dans la très grande majorité des cas ne gêne en rien la vie quotidienne.
Des complications purement hématologiques peuvent cependant survenir qui sont peu fréquentes. Elles se développent après plusieurs années.
On peut ainsi observer un ralentissement progressif du fonctionnement de la moelle qui permet de réduire le traitement sur une période de plusieurs mois. Une telle constatation doit toujours faire penser qu’il y a une modification dans le fonctionnement de la moelle osseuse. On observe en effet une réduction de la quantité totale de cellules capables de produire des globules rouges. La rate à tendance à augmenter de volume.
Cette diminution de production peut aboutir à une anémie qui va même chez certaines personnes nécessiter des transfusions sanguines. Il n’y a pas actuellement en dehors des transfusions d’autres moyens de contrôler la moelle osseuse. Les médicaments utilisés pour le traitement de la polyglobulie doivent être interrompus.
Dans des circonstances encore plus rares, on peut voir survenir une leucémie aiguë, c’est à dire l’apparition d’un ensemble des cellules bloquées dans leur développement. Ces cellules occupent la moelle osseuse et empêchent le fonctionnement normal de celle-ci. On constate dans ces conditions une diminution du nombre des globules rouges, du nombre des polynucléaires et du nombre des plaquettes. Un traitement particulier doit alors être adopté.

5 - MODE DE VIE ET ALIMENTATION

La maladie de VAQUEZ ne nécessite aucune précaution alimentaire. L’absorption de viande saignante n’a aucune influence sur la production de la moelle osseuse et ne peut être considérée comme responsable d’une éventuelle aggravation de la maladie.
Si des recommandations alimentaires sont faites en cas de maladie de VAQUEZ elles portent sur les anomalies constatées à l’occasion de ce diagnostic, c’est à dire une obésité, ou un diabète mais elles ne concernent pas la maladie de VAQUEZ elle-même.
Il n’y a aucune précaution particulière dans la vie quotidienne, les seules recommandations de prudence sont générales :
- Réduire, voir supprimer la consommation de cigarettes.
- Eviter de trop longues expositions au soleil.
- Faire surveiller la tension artérielle et l’état cardiaque.

6 - GREFFE DE MOELLE


Une greffe de moelle à partir d’un donneur compatible est une thérapeutique que l’on pourrait proposer dans la maladie de VAQUEZ. Elle permettrait d’apporter en effet des cellules capables de fonctionner normalement et de supprimer les cellules anormales contenues dans la moelle.
Il faut cependant tenir compte de la toxicité de la greffe de moelle et des risques vitaux encore considérables qu’elle fait courir. Ces risques seront d’autant plus importants que la personne est plus âgée ce qui est habituellement le cas des malades atteints de la maladie de VAQUEZ.
Actuellement, on ne peut conseiller une greffe de moelle au cours de la maladie de VAQUEZ à cause de ces risques alors que la maladie elle-même a une évolution sous traitement de très longue durée.
La survenue chez une personne très jeune d’une maladie de VAQUEZ très difficile à stabiliser pourrait par contre faire discuter cette possibilité thérapeutique en retenant cependant le risque toxique immédiat.

Sources :
Précis d'hématologie
document de la SFH