Vitamines, oméga 3 et oligoéléments sur la sellette
Publié par hammar le Avril 19 2009 06:02:12
Sur 1 760 contrôles réalisés sur des compléments alimentaires, 220 anomalies ont été relevées, alors même que ces produits sont loin d'être indispensables...

Nouvelles étendues

Sur 1 760 contrôles réalisés sur des compléments alimentaires, 220 anomalies ont été relevées, alors même que ces produits sont loin d'être indispensables.

Le marché des compléments alimentaires a explosé dans les pays industrialisés. À la mode des vitamines se sont superposées celles des oligoéléments, puis des oméga 3… On vend des suppléments alimentaires sur la base d'arguments publicitaires alléchants, comme la lutte contre le vieillissement, les troubles de la mémoire, la forme physique… Il y aurait en France plus de 28 000 compléments alimentaires disponibles sur le marché. Avant d'être commercialisés, ces produits doivent bénéficier d'un accord préalable avec le ministère de l'Industrie. Malgré cette réglementation stricte, les résultats d'une enquête publiée par la Direction générale de la consommation, de la concurrence, de la répression des fraudes (DGCCRF), mercredi dans son bulletin trimestriel, sont plutôt inquiétants : ils montrent que 35 % des entreprises inspectées sont en infraction.

L'enquête, réalisée en 2008, porte sur le contrôle de 500 entreprises en France. Les investigateurs ont examiné l'étiquetage des compléments alimentaires et leur conformité avec le contenu, ils ont analysé leur composition et le respect des obligations liées aux procédures déclaratives. Sur les 1 760 contrôles réalisés, 220 anomalies ont été relevées. L'enquête met notamment en évidence un pourcentage non négligeable de défauts d'autocontrôle ou de traçabilité. Elle découvre principalement des pratiques commerciales trompeuses pour le consommateur et des anomalies d'étiquetage.

«Il peut s'agir d'allégations mensongères, de messages trompeurs ou ambigus, d'annonces d'effets bénéfiques non avérés, de composition ne correspondant pas à l'étiquetage, précise-t-on à la DGCCRF. Celle-ci recommande donc aux consommateurs de rester «vigilants», leur demandant de ne pas associer des compléments alimentaires revendiquant des effets similaires afin d'éviter des risques de surconsommation, de prendre garde aux produits vendus sur Internet fabriqués en dehors de l'Union européenne et de ne jamais acheter de produits dont l'étiquetage n'est pas rédigé en français.

«Bidons» et «parfois dangereux»

L'association de défense des consommateurs UFC-Que choisir avait également épinglé en octobre certains compléments alimentaires, estimant qu'ils étaient «bidons» et «parfois dangereux», après avoir étudié 33 produits appartenant à trois familles de compléments alimentaires parmi les plus vendus contenant de la vitamine C (9 produits), de l'oméga 3 (12 produits), ainsi que des compléments visant «ligne et minceur» (12 produits).

Ces mises en garde auront sans doute du mal à freiner l'engouement de nos concitoyens pour de tels produits affichant des messages qui répondent au désir largement partagé qu'un simple complément puisse prévenir le cancer, les maladies cardiaques, le vieillissement… Les études scientifiques sur l'intérêt des compléments alimentaires sont, elles, beaucoup plus réservées. Selon les experts, les personnes en bonne santé ayant un régime équilibré n'ont pas besoin de consommer en plus des vitamines ou des antioxydants. La question peut se poser pour des malades, menacés par des carences du fait de troubles alimentaires (anorexie, alcoolisme…) ou encore dans certaines affections comme la dégénérescence maculaire liée à l'âge où certains compléments sont discutés.

Une analyse de très grande envergure compilant les données de 67 études concluait l'an dernier que des cures de vitamine C (que l'on trouve dans les oranges) n'apportaient aucun bénéfice particulier, pas plus que celles de sélénium (présent dans le thon ou le foie de veau). En revanche, ils concluaient que les cures de vitamine A (présente dans le beurre) ou E (dans les noix et noisettes) ou de bêtacarotène auraient même plutôt tendance à augmenter, de manière certes très faible, les risques de décès prématuré.


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