Peut-on prédire un suicide dès l’enfance ?
Publié par Rosette le Mai 18 2009 02:08:12
Selon un mot paradoxal de Wolinski, le suicide serait, non l’aboutissement de la vie, mais celui de la mort : « J’ai décidé de mettre fin à mes jours parce que j’en ai marre...

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Selon un mot paradoxal de Wolinski, le suicide serait, non l’aboutissement de la vie, mais celui de la mort : « J’ai décidé de mettre fin à mes jours parce que j’en ai marre de ne pas vivre ! » Mais plus prosaïquement, le suicide chez les adolescents et les jeunes adultes constitue un très grave problème de société.

Pour une prévention effective, la connaissance des facteurs de risque de suicide a donc une importance essentielle. Troubles de l’humeur, anxiété, addictions à certains produits, sévérité ou chronicité de pathologies psychiatriques ont été identifiés comme des facteurs prédisposant aux tentatives de suicide comme à des suicides accomplis. Et les taux de mortalité par suicide sont particulièrement élevés chez des personnes avec antécédents de tentatives de suicide sérieuses.

Confirmation dans une étude finlandaise sur les associations significatives entre la psychopathologie précoce et les tentatives de suicide ultérieures (ou les suicides accomplis). Ce travail repose sur une population de 5 300 jeunes Finnois âgés de 8 à 24 ans, nés en 1981, et examinés dès l’âge de 8 ans avec une évaluation de la psychopathologie et du contexte (familial, éducatif, performances scolaires). Sur les 24 morts constatées chez ces jeunes hommes, 13 (soit 54,2 %) étaient imputables à des suicides, contre seulement 2 pour les 16 morts recensées chez des filles (12,5%).

Ceci souligne l’intérêt de la mise en mots des maux : l’intériorisation (internalizing) des problèmes constitue un critère prédictif de suicide. Au total, 54 garçons et filles (soit 1% de la cohorte) ont connu « soit un suicide soit une sérieuse tentative de suicide débouchant sur une hospitalisation ». La plupart des hommes avec tentative ou suicide accompli avaient des problèmes psychiatriques dès l’âge de 8 ans, indiquant une tendance significative persistant au cours de leur existence. En revanche, aucune association analogue n’a été observée parmi les femmes : pas d’association prédictive entre les variables étudiées et un suicide ultérieur. Ces résultats illustrent l’importance particulière du dépistage et du traitement des problèmes psychiatriques chez les garçons.

Dr Alain Cohen