Cancer du sein : les facteurs psychosociaux influent-ils sur la survie ?
Publié par Rosette le Mai 19 2009 05:25:05
Galien est le premier qui évoqua la possibilité que l’ « humeur » mélancolique prédisposât au cancer du sein (KS). Cette hypothèse a été récemment réactualisée...

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Galien est le premier qui évoqua la possibilité que l’ « humeur » mélancolique prédisposât au cancer du sein (KS). Cette hypothèse a été récemment réactualisée, et beaucoup de malades sont convaincues du lien entre leur soma et leur psyché. Quelques études ont signalé de bonnes survies chez des femmes qui refusaient leur maladie et avaient un bon soutien familial alors que les dépressives désemparées décédaient davantage, mais ces études souffraient de défauts méthodologiques. Or, si interférence il y a, il faut mettre en place un support psychosocial, dans le cas contraire, il « suffit » de tenter d’apporter de l’apaisement aux femmes concernées.

Une équipe australienne a suivi pendant une moyenne de 8 ans un groupe de 708 femmes âgées de moins de 60 ans porteuses d’un KS non métastatique. Onze mois en moyenne après l’annonce du diagnostic, elles ont été soumises à 4 questionnaires pour évaluer leur degré d’anxiété, de dépression, leur résistance à l’adversité, et le soutien affectif et social apporté par leurs proches. Le retentissement de ces paramètres sur les survies globale (SG) et spécifique (SS), a été analysé en ajustant les résultats en fonction des autres facteurs pronostiques connus (stade, grade, envahissement ganglionnaire, récepteurs hormonaux, etc.) et des traitements reçus.

Soixante-dix femmes n’ayant pas répondu aux questions sur leur état de santé à distance ont été exclues des résultats concernant la SS. On disposait donc de 708 résultats pour la SG et 638 pour la SS. L’âge moyen au diagnostic était de 40 ans. Des métastases ont été décelées chez 209 des 638 femmes suivies (33 %) et 170 décès (sur 708 ; 24 %) sont survenus.

Les ganglions étaient envahis chez 40 % des patientes, et 65 % ont bénéficié d’une chimiothérapie adjuvante.

Les scores d’anxiété et de dépression étaient très élevés chez respectivement 23 et 3 % des femmes. S’il était possible en chiffres bruts, de trouver chez celles-ci une tendance à une plus faible SS, après ajustement en fonction des autres facteurs de risque il n’y avait aucune corrélation entre les paramètres psychosociaux et la SS ni la SG. Ni l’anxiété, ni la dépression, ni l’impression d’abandon ni la perte de la volonté de lutter n’ont réduit la survie. En revanche, on a remarqué que les femmes les plus anxieuses étaient aussi les plus jeunes, et celles dont le stade TNM était le plus élevé.

La lutte contre les facteurs émotionnels et sociaux défavorables peut donc améliorer la qualité de la vie, mais pas la survie.

Dr Jean-Fred Warlin