Prévention du diabète de type 2 : de bons résultats avec le voglibose
Publié par Rosette le Mai 21 2009 09:22:23
La prévention du diabète de type 2 est un des défis majeurs des années à venir. L'IDF (International Diabetes Federation) a recommandé en 2007 une stratégie en 3 étapes...

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La prévention du diabète de type 2 est un des défis majeurs des années à venir. L'IDF (International Diabetes Federation) a recommandé en 2007 une stratégie en 3 étapes pour la prévention du diabète de type 2 :

identification des patients à risque, évaluation individuelle du risque, intervention appropriée. Les modifications du style de vie sont efficaces à court et à long terme et elles demeurent essentielles dans toutes les stratégies de prévention.

Cependant, tous les patients ne sont pas capables de maintenir leurs efforts et le recours à un traitement médicamenteux doit alors être envisagé. Les inhibiteurs des alpha-glucosidases sont une piste intéressante, tout particulièrement parmi les populations asiatiques où ils ont montré une bonne efficacité et une tolérance acceptable, probablement liées au style alimentaire.

Un essai de prévention du diabète a été réalisé au Japon et a utilisé un nouvel inhibiteur des alpha-glucosidases, le voglibose, dans une approche randomisée contre placebo en double aveugle. Pour être éligibles, les patients devaient avoir au moins un des facteurs de risque de développer un diabète de type 2 parmi les suivants :

• HTA traitée ou pression artérielle > ou = 130 - 85 mm Hg
• dyslipidémie (cholestérol > ou = 5,7 mmol/l, triglycérides > ou = 1,7 mmol/l ou HDL < 1,04 mmol/l)
• IMC > ou = 25 kg/m²
• antécédents familiaux de diabète au 1er ou au 2ème degré

De plus les paramètres glycémiques devaient définir une intolérance au glucose sans diabète avéré :

• glycémie à jeun < 6,9 mmol/l
• glycémie 2 h après charge orale de 75 gr de glucose comprise entre 7,8 et 11 mmol/l
• HbA1c < 6,5 %

Le recrutement a concerné 1 780 patients âgés de 55,7 ans en moyenne, modérément obèses (IMC à 25,8 kg/m²) ayant pour plus de 60 % d’entre eux au moins 3 facteurs de risque.

Tous ont reçu des conseils personnalisés concernant les modifications du mode de vie (diététique et exercice physique) et le suivi de ces mesures était évalué à chaque visite. Après 50 semaines, le traitement par voglibose (0,2 mg 3 fois par jour) est apparu associé à une diminution du risque de développer un diabète de type 2 de 40,5 % et d’augmentation des chances de normaliser le profil glycémique de 53,9 % par rapport au placebo. La tolérance a été bonne avec une élévation attendue mais modérée des effets indésirables digestifs (17 % de flatulences dans le groupe traité versus 7 % dans le groupe placebo).

Dans la mesure où les inhibiteurs des alpha-glucosidases n'interfèrent pas avec l'absorption du glucose ingéré lors du test de charge orale, il s'agit d'un réel effet préventif et non d'un effet thérapeutique masqué comme cela a pu être discuté lors d'essais de prévention concernant d'autres anti-diabétiques oraux. Le mécanisme physiopathologique évoqué pour expliquer cet effet bénéfique serait une réduction des besoins en insuline post-prandiaux réduisant le stress des cellules béta pancréatiques.

On peut regretter, comme souligné dans l'éditorial joint, que cet essai ait été interrompu précocement lors des analyses intermédiaires réduisant de façon notable le suivi. Il reste à déterminer si ce type de prévention médicamenteuse permettra de réduire la morbidité et la mortalité cardiovasculaire et spécifique du diabète.

Le voglibose associé aux modifications du mode de vie réduit de façon significative le risque de développer un diabète de type 2 chez des patients ayant une intolérance au glucose.

Dr Laurence Du Pasquier