Cancer de la prostate après 70 ans, tout de même agressif
Publié par La Pharmacienne le Décembre 06 2009 10:21:45


Un homme sur six aux États-Unis a eu, a, ou aura un cancer de la prostate (KP) dont l’incidence ne fait qu’augmenter en Occident. Mais, du fait de son évolution lente...

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Un homme sur six aux États-Unis a eu, a, ou aura un cancer de la prostate (KP) dont l’incidence ne fait qu’augmenter en Occident. Mais, du fait de son évolution lente, ce KP reste latent chez beaucoup et, chez les malades âgés (> 70 ans), un traitement agressif se discute en fonction de l’espérance de vie. Si celle-ci ne dépasse pas 10 ans, un traitement n’est pas envisagé, le dépistage n’a donc pas de sens et les services de médecine préventive conseillent de n’y point procéder après 75 ans. Toutefois, l’augmentation de l’espérance de vie et l’apparition de thérapeutiques peu agressives font discuter cette attitude.


L’âge ne doit pas être le seul paramètre à prendre en compte, et il faut aussi envisager les pathologies associées et l’agressivité du KP. Cette dernière dépend du degré de différenciation cellulaire sur les biopsies ; le volume tumoral et le score de Gleason sont directement corrélés au risque de pénétration capsulaire, d’extension locale (vésicules séminales), et lymphatique. On pourrait ainsi identifier un sous-groupe de sujets âgés qui pourraient tirer bénéfice du traitement de leur KP. Devant le faible taux de biopsies prostatiques pratiquées après 70 ans, les auteurs ont axé leur travail sur les études histologiques de prostates prélevées post-mortem.


Il est basé sur 211 prostates prélevées en totalité (avec leurs vésicules séminales) lors de l’autopsie de sujets non connus pour être porteurs de KP. Elles ont été fixées (formol) et, après section, incluses dans la paraffine, colorées à l’hématoxyline-éosine et éventuellement soumises à l’immuno-histochimie. On a calculé, pour chaque KP détecté, le volume tumoral et le score de Gleason, en ne retenant comme KP « signifiant » que ceux dont le stade histologique était > ou = pT3 (c’est à dire dépassant la capsule), le score de Gleason > ou = 6 et l’index de volume tumoral (reconstruit par planimétrie numérisée) autrement dit le volume du plus gros foyer tumoral, > ou = 0,5 cm3.


Les sujets (tous Américains blancs) ont été distingués en 2 groupes selon leur âge de décès : 137 avaient moins de 70 ans et 74 dépassaient cet âge. Un KP a été découvert chez 33 des 74 plus âgés (45 %) vs 26 des 137 cadets (19 %) : p <0,001. Surtout, on a constaté pour les plus de 70 ans des scores de Gleason significativement plus élevés et un plus grand taux de lésions dépassant le stade pT3.


Les cancers de la prostate après 70 ans sont donc plus agressifs, plus « signifiants », et la conduite consistant à les ignorer mérite d’être débattue à la lumière de ces révélations.


Dr Jean-Fred Warlin, JIM

Delongchamps NB et coll. : Pathological characteristics of prostate cancer in elderly men. J Urol. ; 2009;182: 927-930.