Cancer du sein : le dépistage systématique serait « irrationnel
Publié par hammar le Février 15 2010 15:10:32
Alors que la Communauté française lance ce lundi une nouvelle opération de sensibilisation au cancer du sein, le chirurgien liégeois Oscar Grosjean publie un ouvrage qui dénonce le caractère « irrationnel » du dépistage Lancement de campagne controversé, ce lundi, en faveur du dépistage du cancer du sein (1)....

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Alors que la Communauté française lance ce lundi une nouvelle opération de sensibilisation au cancer du sein, le chirurgien liégeois Oscar Grosjean publie un ouvrage qui dénonce le caractère « irrationnel » du dépistage Lancement de campagne controversé, ce lundi, en faveur du dépistage du cancer du sein (1).

Alors que la Communauté française lance une nouvelle opération de sensibilisation, sur les écrans et sur les ondes, le chirurgien liégeois Oscar Grosjean publie un ouvrage (2) qui dénonce le caractère « irrationnel » du dépistage systématique.

Le propos du Dr Grosjean apparaît « sacrilège » dans un contexte où les autorités sanitaires ont du mal à imposer le mammotest, en Wallonie et à Bruxelles. Ce programme s'adresse, pour rappel, à toutes les femmes de 50 à 69 ans. Elles sont invitées à recourir gratuitement à une radiographie des seins, par courrier personnalisé, tous les deux ans. Objectif annoncé : détecter les lésions cancéreuses à un stade précoce, afin d'éviter les traitements mutilants et lourds.

Une ambition qui n'est pas rencontrée, selon le Dr Oscar Grosjean, démontrant, études à l'appui, que rien ne permet d'affirmer que le dépistage systématique réduit significativement la mortalité liée aux tumeurs mammaires. Le chirurgien liégeois avance même que la pratique du dépistage de masse engendre des cas de surdiagnostic et de surtraitement. En clair, des ablations et des chimiothérapies seraient indûment prescrites à des patientes affectées par des tumeurs qui ne nécessiteraient pas tel déploiement thérapeutique.

Du côté des responsables francophones du dépistage, on réplique par le bilan des campagnes précédentes : 426 cancers invasifs détectés en Wallonie, entre 2005 et 2008 (sur 82.169 mammotests enregistrés), et 26 à Bruxelles, en 2007 (sur 4.732 Bruxelloises dépistées).

Des chiffres qui n'impressionnent guère le Dr Grosjean : « Si on suppose que le dépistage d'un cancer réduit un peu la mortalité qui lui est imputable, les mises au point diagnostiques parfois agressives et les thérapies souvent lourdes ont leur propre mortalité, qui peut surpasser le nombre de survies attribuables au dépistage ».

Actuellement, en Belgique, on observe chaque année 9.400 nouveaux cas de cancer du sein. Tous stades et grades confondus, les femmes guérissent dans 76 % des cas, mais on dénombre tout de même annuellement 2.280 décès causés par cette affection. Une mortalité qui diminue, depuis les années 90. « Et rien ne prouve que le dépistage systématique y soit pour quelque chose », insiste le Dr Grosjean, rappelant que « la génération de femmes la plus touchée par le cancer du sein est aussi celle qui a ''bénéficié'', dès le milieu des années 60, des premières pilules contraceptives efficaces mais surdosées. Ce sont aussi ces femmes qui ont été bombardées d'hormones pour traiter l'infertilité, prévenir les fausses couches et consolider les grossesses… Peut-être apprendrons-nous, quand il y aura prescription, le rôle joué par des endocrinologues apprentis sorciers et les fabricants d'hormones dans l'explosion de cette maladie ».




(1) http://www.lemammotest.be/
(2) « Santé, jusqu'où irons-nous ? Fabriquer des patients pour tuer la Sécu », Oscar Grosjean, Couleur livres, 2010, 120 pages,

lesoir.be.