L’incontinence anale de la femme: de l’importance des coussinets
Publié par La Pharmacienne le Février 28 2010 10:40:51
L’incontinence anale (IA) entraîne des conséquences psycho-sociales qui altèrent la qualité de vie des patients. Ses causes les plus souvent invoquées sont l’absence de sensibilité de la muqueuse anale et l’atteinte des sphincters, mais il y a souvent discordance entre l’importance de ces facteurs et le degré d’IA...

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L’incontinence anale (IA) entraîne des conséquences psycho-sociales qui altèrent la qualité de vie des patients. Ses causes les plus souvent invoquées sont l’absence de sensibilité de la muqueuse anale et l’atteinte des sphincters, mais il y a souvent discordance entre l’importance de ces facteurs et le degré d’IA.


Les facteurs intervenant dans le maintien de la pression de repos du canal anal dépendraient en effet, selon Lester, du sphincter interne (SI) pour 50 %, du sphincter externe pour 30 %, et des coussinets anaux (CA) pour 20 %. Ces derniers, situés entre la muqueuse anale et le SI, et dont l’hypertrophie est responsables des hémorroïdes, auraient un rôle capital dans l’occlusion du canal anal. Ceci expliquerait les cas d’IA après hémorroïdectomie. Les CA seraient impliqués dans un certain nombre d’IA « idiopathiques » à sphincter intact.


Les 21 femmes adultes incluses dans l’étude avaient un sphincter réputé normal sur l’échographie endo-anale et une sensibilité muqueuse normale lors de l’étude sensitivomotrice anorectale. Elles ont été comparées à un groupe témoin de 102 femmes adultes sans IA consultant en gynécologie ; la nécessité d’étudier les CA par échographie transvaginale (ETV) explique l’exclusion des hommes de cette étude. L’ETV a dessiné les CA sous forme d’ « étoiles muqueuses » hyperéchogènes en dedans du SI. On a pu calculer la surface comprise entre les CA (A2), qui, soustraite de celle comprise entre les SI (A1), donne la surface des CA eux-mêmes (A3), puis on a étudié le rapport A3/A1, proportionnel à la taille des CA (numérateur de la fraction). Toutes les femmes ont subi une recto-manométrie.


Les femmes ayant une IA étaient sensiblement plus jeunes que les femmes du groupe témoin : 41 versus 60 ans. Et surtout, le rapport A3/A1 dans le groupe IA était significativement (p=0,001) plus faible (0,57) que dans le groupe témoin (0,68). En revanche, il n’y avait pas de relation entre ce rapport et l’âge, ce qui indique que la sénescence des tissus n’influe pas sur le dit rapport. On n’a pas non plus mis en évidence de relation entre le rapport A3/A1 et la pression maximale de repos du canal anal, non plus d’ailleurs qu’avec la sévérité de l’IA.


Les 2/3 des 21 malades présentaient une incontinence « passive » (c’est à dire dont elles n’avaient pas conscience) ; les 7 autres conservant la sensation de besoin, mais n’ayant pas le temps de « se rendre à la garde-robe ». Toutefois, dans les deux types d’IA, le rapport A3/A1 restait très diminué par rapport à celui des femmes du groupe témoins.


La taille des coussinets anaux est donc réduite en cas d’incontinence anale.



Dr Jean Fred Warlin, JIM

Thekkinkattil DK et coll. : Measurement of anal cushions in idiopathic faecal incontinence. Brit. J. Surg. 2009 ; 96 : 680-684.