Une albuminurie est possible même pour une faible exposition au cadmium
Publié par La Pharmacienne le Juillet 07 2010 00:28:13



Un lien entre l’exposition au cadmium et l’insuffisance rénale a été suspecté dès la fin du 19ème siècle, mais ce n’est qu’à partir de 1940 qu’a pu être mise en évidence la protéinurie tubulaire qui en est l’un des symptômes. La néphropathie liée à l’exposition au cadmium a longtemps été imputée à l’intoxication au plomb notamment chez les travailleurs de l’industrie, mais désormais le rôle toxique du cadmium est parfaitement reconnu, notamment depuis que des travaux ont démontré une mortalité plus élevée par insuffisance rénale chez les ouvriers exposés à de fortes doses de cadmium.


Certaines données récentes suggèrent toutefois qu’il n’est pas besoin d’une exposition massive et que de faibles doses ont aussi un potentiel toxique. En 2008, l’étude NHANES (National Health An Nutrition Examination Survey) révélait une association entre exposition au cadmium et plusieurs pathologies, dont l’ostéoporose, l’insuffisance respiratoire ou l’hypertension et depuis d’autres travaux ont confirmé l’existence d’un lien entre des taux sanguins élevés de cadmium et des dysfonctionnements rénaux.


Cependant, une exposition chronique au cadmium serait mieux représentée par son taux urinaire que par les dosages sanguins qui signeraient plutôt une exposition aiguë et de courte durée. C’est la raison pour laquelle une équipe italienne a repris les données de l’étude NHANES afin d’analyser l’association entre les taux sanguins et urinaires de cadmium et la présence d’une insuffisance rénale chronique et d’une albuminurie, chez près de 5 500 personnes.


L’étude confirme la relation attendue entre le taux sanguin de cadmium et le taux de filtration glomérulaire et le ratio albumine/créatinine. Concernant le taux urinaire, les auteurs notent, en analyse multivariée, une relation entre l’excrétion urinaire de cadmium (>1mcg/g de créatinine) et l’albuminurie (OR 1,63, IC 95 % : 1,23-2,16, p=0,001), mais ils n’ont pas pu mettre en évidence de relation significative entre cette excrétion urinaire et l’insuffisance rénale.


Les autorités sanitaires américaines considèrent qu’un taux urinaire de cadmium supérieur à 10 mcg/g de créatinine signe à l’évidence une exposition excessive, et l’administration chargée de la santé au travail (Occupational Safety ans Health Administration) a choisi le seuil de 3 mcg/g de créatinine comme seuil maximal tolérable. Les auteurs mettent en évidence, dans leur grand échantillonnage de sujets, que des taux largement inférieurs aux taux considérés comme toxiques peuvent avoir une répercussion sur la fonction rénale.


L’exposition au cadmium concerne particulièrement les travailleurs de l’industrie et les populations vivant à proximité de sites pollués. Mais il faut retenir aussi le risque important que représentent la fumée de cigarette (le cadmium fait partie des quelques 4 000 substances chimiques que contiennent les cigarettes), la consommation de légumes contaminés ou l’air ambiant dans les zones urbaines.


Dr Roseline Péluchon, JIM

Ferraro P.M. et coll.: Low level exposure to cadmium increases the risk of chronic kidney disease: analysis of the NHANES 1999-2006. BMC Public Health 2010, 10 : 304