Le dossier pharmaceutique impose
Publié par Administrateur le Octobre 21 2010 09:29:03
Dix millions de Français en ont ouvert un. Ce dispositif de suivi personnalisé de la consommation de médicaments pourrait permettre aux pharmacies de riposter aux tentatives de concurrence de Leclerc.

Bien joué ! Lancé fin 2008, soit quatre ans après le dossier médical personnel (DMP), qui n'a lui toujours pas vu le jour, le dossier pharmaceutique est sur les rails.

Dix millions de Français l'ont adopté, selon l'ordre des pharmaciens, dont 22% des patients âgés de plus de 60 ans. Chaque jour, 20.000 nouveaux dossiers sont ouverts. Les officines ont, elles aussi, largement adhéré au dispositif: près de 17.000 pharmacies, soit sept sur dix, proposent à leurs clients d'ouvrir un dossier. C'est «un succès » et un moyen important d'éviter «les accidents liés à de mauvais mélanges de médicaments », se félicite Isabelle Adenot, présidente de l'ordre.

Activé avec la carte Vitale, le dossier pharmaceutique (DP) assure un suivi personnalisé de la consommation de médicaments d'un patient dans l'ensemble des pharmacies de France pendant quatre mois consécutifs. Le choix d'ouvrir un DP est libre, et environ 20% de la population refuse toujours de franchir le cap. Les patients peuvent aussi refuser que certains achats y figurent, mais ils recourent très rarement à cette option.

La mise en place du DP a coûté 15 millions d'euros depuis sa mise en place et il revient à 40 centimes d'euros par dossier et par an, financés par les pharmaciens. «Nous pouvons désormais l'affecter à un nouvel usage, en l'utilisant pour un envoi d'information dans l'urgence à toutes les pharmacies», explique Isabelle Adenot. Le dispositif a déjà permis de transmettre en quelques minutes des alertes de la Direction générale de la santé, notamment au sujet de la dengue sur la Côte d'Azur. Il servira à relayer également les alertes de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) et pourra participer, plus tard, aux retraits de lots de médicaments, prévoit l'ordre des pharmaciens.

D'autres usages sont déjà envisagés. Si la durée de vie des informations qu'il contient était prolongée, «il serait d'une grande utilité dans le suivi des vaccins», souligne Isabelle Adenot.

Pas de lien avec le dossier médical personnalisé

Autant d'atouts pour différencier la mission des pharmaciens du rôle, essentiellement commerçant, qu'aspirent à jouer les hypermarchés, à commencer par les centres Leclerc, qui bataillent depuis des années pour proposer certains médicaments dans leurs rayons. Pourtant, ce nouvel outil, qui renforce le rôle de suivi médical du pharmacien, n'est pas pris en compte par les instances de santé, regrettent les pharmaciens.

Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, a assuré cet été qu'une «première version nationale» du DMP serait déployée à partir de décembre. Des informations ont été adressées aux médecins sur le contenu de cet autre dossier médical électronique, qu'ils auront la charge de nourrir. Mais rien n'évoque, pour l'instant, un lien avec le dossier pharmaceutique, alors que celui-ci «doit, de par la loi, y être rattaché», s'étonne Isabelle Adenot. Pourtant, le dossier pharmaceutique participe largement à «l'objectif de coopération entre les différents professionnels de santé s'occupant d'un même patient», souligne la présidente de l'ordre. «On ne veut pas confier au pharmacien certaines missions pour ne pas froisser certains corporatismes», explique de son côté Lucien Bennatan, président du groupement de pharmacies d'officines PHR.