le CHU beni-messous : Le CHU Beni-Messous condamné, le professeur relaxé
Publié par hammar le Novembre 30 2008 18:31:15
L’affaire des 16 patients de l’hôpital Beni-Messous ayant perdu la vue a connu hier son épilogue. Le tribunal correctionnel de Bir-Mourad-Raïs a rendu son verdict...

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L’affaire des 16 patients de l’hôpital Beni-Messous ayant perdu la vue a connu hier son épilogue. Le tribunal correctionnel de Bir-Mourad-Raïs a rendu son verdict : l’assistance médicale a été condamnée à six mois de prison avec sursis et le CHU Beni-Messous à une amende de 300 millions de centimes à verser au profit des victimes.

Le Pr Nouri a bénéficié, quant à lui, de la relaxe.

Abder Bettache - Alger (Le Soir) - L’affaire, mise au jour en juillet 2007, a été traitée la semaine dernière et mise en délibéré sous huitaine. Le verdict prononcé hier en début de matinée a été contesté par la partie plaignante qui compte faire appel de la décision prononcée en première instance. Ainsi, après trois reports, le procès a eu lieu le 22 novembre dernier et a duré près de trois heures. Son dernier report fait suite à une requête introduite par les avocats de la défense, arguant du fait que «des témoins-clés dans cette affaire doivent être entendus par la justice». Cette affaire remonte à juillet 2007, lorsque 16 patients ayant perdu la vue après avoir subi des injections ophtalmiques à l’hôpital Beni-Messous, à Alger, ont porté l’affaire devant la justice.

L’enquête judiciaire a conclu à la présentation, au parquet de Bir-Mourad- Raïs, du chef de service ophtalmologie et d’un médecin (l’assistance médicale). Les deux personnes, placées sous contrôle judiciaire, avaient été reconnues présumées coupables, jusqu’à traitement définitif du dossier. En effet, après ce dramatique incident qui avait éclaboussé le service d’ophtalmologie du CHU Beni-Messous en juillet 2007, les familles des patients concernés ont alerté, via la presse, l’opinion publique. Si pour les médecins, il s’agit des conséquences «d’une épidémie nosocomiale liée à l’hygiène», pour les policiers ayant mené l’enquête, les victimes ont perdu la vue «du fait de l’utilisation expérimentale d’un produit inconnu sur le marché. Le Laboratoire scientifique de la Sûreté nationale a établi la «relation entre la cécité et le produit en question ».

Ce produit, le Bevacimab, utilisé dans de nombreux pays, a été introduit en Algérie sur une simple autorisation de mise sur le marché (ATU), dans le cadre du traitement des cancers colorectaux métastasés. Les témoignages des patients victimes de ce produit étaient émouvants. Ces derniers ont déclaré avoir fait les frais de la démarche des médecins relevant du service d’ophtalmologie de Beni-Messous. La plupart d’entre eux ont déclaré avoir été surpris de voir l’équipe médicale leur administrer ce nouveau produit à la place de la Visudyne, sans être informés des risques qu’ils encouraient, à savoir la cécité.

Le Pr Nouri, chef de service à l’hôpital de Beni- Messous, qui a bénéficié de la relaxe, avait déclaré à l’époque que «seuls onze patients ont eu une infection de l’ensemble des tuniques oculaires d’origine exogène par inoculation directe du germe ou endogène due à une bactérie. Les vingt autres se sont bien sentis et l’état de leurs yeux s’est amélioré après un traitement antibiotique. Effectivement, nous avons constaté ces infections d’origine nosocomiale et elles n’ont rien à voir avec le médicament injecté. Des malades opérés pour la cataracte, à ce moment-là, ont été aussi touchés par ces infections nosocomiales ».

Le professeur avait reconnu, néanmoins, que l’état du bloc n’offrait pas les bonnes conditions d’asepsie et laissait penser qu’il s’agissait là des conséquences d’une infection liée au manque d’hygiène hospitalier (infection nosocomiale). Quelques mois plus tard, une enquête interne au CHU de Beni-Messous avait révélé que «les malades ont été infectés par un germe connu, le staphylocoque epidermidis».

Il s’agit «d’une infection nosocomiale maniportée (transmise par les mains)». C’est ce qu’avait déclaré à l’époque le Pr Soukhal qui avait ajouté que de nouvelles dispositions ont été prises au niveau du ministère de la Santé afin de réactiver les Comités de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) dans tous les établissements de santé au niveau national.


Source : le soir d'algérie