Les tricycliques ne sont pas plus efficaces qu'un placebo dans la dépression de l'enfant et de l'adolescent
Publié par Administrateur le Octobre 26 2011 13:04:55
Hazell P, O'Connell D, Heathcote D, Robertson J, Henry D. Efficacy of tricyclic drugs in treating child and adolescent depression : a meta-analysis. BMJ 1995;310:897-901.
Objectif
Evaluer - en réalisant une méta-analyse - l'efficacité des antidépresseurs tricycliques dans la dépression de l'enfant et de l'adolescent.
Recueil des données
Les études en langue anglaise ont été identifiées par une recherche dans MEDLINE (de 1966 à 1992) et EMBASE (de juin 1974 à 1992). Les mots-clés utilisés pour ces recherches étaient les suivants : enfant et dépression, antidépresseurs, tricycliques et troubles affectifs (les différents tricycliques par leur dénomination), noms des chercheurs dans ce domaine et phobie scolaire. Des études complémentaires ont été identifiées à partir des bibliographies des articles ainsi recensés, des Current Contents et grâce aux auteurs d'abstracts dans les comptes rendus de congrès.
Sélection des études
Les études sélectionnées ont inclus des patients dépressifs, âgés de 6 à 18 ans, assignés par randomisation à un traitement par antidépresseur tricyclique ou à un placebo. Les études comportant des sujets dont le QI était inférieur à 80 étaient exclues.
Recueil des données
Les critères d'évaluation isolés les plus favorables ont été déterminés en établissant un score pour chacun d'eux en fonction de 5 paramètres. Pour les variables continues, les effets de taille individuels et collectifs étaient représentés par le nombre d'écarts-types qui caractérisaient l'amélioration des scores dans les groupes traités par rapport aux groupes témoins. Pour les variables dichotomiques, on calculait les rapports individuels et collectifs des chances d'amélioration dans les groupes thérapeutiques par rapport aux groupes témoins. La qualité de chaque étude était notée sur la base des efforts réalisés pour minimiser les biais.
Principaux résultats
Douze études répondaient aux critères de sélection, mais il a été impossible d'extraire des données utilisables de trois d'entre elles. Trois autres études fournissaient à la fois des données continues et dichotomiques. La taille de l'effet estimé à partir du regroupement de six études rapportant des résultats sous forme de variables continues consistait en un effet thérapeutique positif s'élevant à 0,35 écart-type (IC à 95% : -0,16 à 0,86), témoignant de l'absence de bénéfice clinique ou statistiquement significatif (la méta-analyse avait 80% de chances de mettre en évidence un effet thérapeutique > 0,5 écart-type). En outre, par rapport à un placebo, les antidépresseurs n'ont pas augmenté significativement la proportion de patients dont l'état s'est amélioré (38,5% vs 37,1% ; p = 0,85). Les études dont la méthodologie était la plus stricte ont fait état d'effets moins importants, mais le taux élevé de réponses sous placebo et le faible nombre total de patients n'excluent pas totalement l'existence d'une réponse thérapeutique modeste.
Conclusion
Les antidépresseurs tricycliques ne sont pas plus efficaces qu'un placebo dans la dépression de l'enfant et de l'adolescent.
Correspondance scientifique : Dr P. Hazell, Discipline of Psychiatry, Faculty of Medicine and Health Sciences, University of Newcastle, Callaghan, New South Wales 2308, Australie. Fax : 61-49-211-282.