Des ondes de chocs contre les tendinites
Publié par MedeSpaceNews le Mars 22 2012 21:32:59
«Hormis quelques affections générales au cours desquelles les tendons peuvent souffrir - comme la spondylarthrite ankylosante, une maladie inflammatoire -, les pathologies des tendons peuvent se résumer à deux cas, explique le Dr Karl Chaory, médecin en rééducation et médecine physique au centre de médecine du sport Spormed de Rennes et au Stade Rennais Football Club. Soit le tendon est trop sollicité, ce qui arrive lors de la pratique d'un sport dans des conditions imparfaites ou au travail lorsque le même geste répétitif est effectué à longueur de journée. Soit le tendon vieillit, avec des fibres qui dégénèrent et s'étirent donc moins bien. Mais comme il est difficile de prévenir le vieillissement de ces fibres, on est souvent amené à proposer des techniques de régénération.»

» Sport et tendinites: tout est dans la prévention
Douleurs chroniques au réveil

Encore faut-il savoir que nos tendons se font «vieux». Certains symptômes peuvent donner l'alerte comme des douleurs chroniques au réveil, mais qui s'estompent au fur et à mesure que l'on bouge (dérouillage matinal). Il est alors possible de délivrer des ondes de choc extracorporelles sur les fibres malades, pour régénérer le tendon. Seul bémol: le nombre de machines est encore très insuffisant pour répondre aux besoins sur le plan national.
Pour le Dr Joseph Laurans, chef du pôle médecine physique et réadaptation du Centre de rééducation et de réadaptations fonctionnelles (CRRF) Trestel-Lannion, «le recours aux ondes de choc est une technique déjà utilisée de longue date pour casser les calculs rénaux (c'est la lithotripsie extracorporelle). La seule différence, c'est qu'ici, les ondes ne sont pas concentrées, mais rayonnantes, libérées directement au contact de la tête émettrice, afin de créer des microlésions sur l'ensemble du tendon et favoriser à la fois une cicatrisation de meilleure qualité et une augmentation de la vascularisation. On peut y recourir pour traiter notamment un tendon de l'épaule, du coude ou du pied». Avec des effets intéressants à la clé: «En effet, cinq séances au rythme d'une par semaine donnent 80 % de bons résultats sur un tendon d'Achille dégénéré», confirme le Dr Chaory.

» Toute rupture du tendon doit être traitée

Autre technique encore plus nouvelle, mais peu diffusée: l'injection de facteurs plaquettaires riches en facteurs de croissance, obtenus après prise de sang, centrifugation, récupération du plasma et réinjection au malade. Il est encore possible de faire appel au laser pour obtenir une action cicatrisante. «En dernier recours, on peut s'en remettre à la chirurgie: la technique du peignage consiste à enlever les fibres dégénératives pour obtenir une cicatrice de meilleure qualité. Comme cela nécessite une petite hospitalisation et aucun appui pendant deux à trois semaines, c'est la solution la plus radicale», poursuit le Dr Chaory. Enfin, en complément de toutes ces techniques, «la balnéothérapie a sa place. Elle est même particulièrement intéressante pour lutter contre l'enraidissement», souligne le Dr Laurans.Attention, car si rien n'est fait, le tendon vieillissant ou trop sollicité peut finir par se rompre. Cela se produit parfois avec les tendons de la coiffe des rotateurs (muscles de l'épaule). Le cas typique est celui des frottements répétés sur l'os acromial: certains métiers où il faut travailler en force, les bras en l'air, sont à risque. En fonction du nombre de tendons touchés, la douleur peut s'accompagner d'un déficit de force modéré ou important.
Un coup de fouet

Autre tendon volontiers sujet aux ruptures: le tendon d'Achille. «Le sportif, notamment en cas de surentraînement, est volontiers concerné, tout comme le quadragénaire qui décide soudain de reprendre le sport après une longue période d'inaction, a fortiori s'il néglige l'échauffement et court sur un sol trop dur: au total, 11 % des coureurs font tôt ou tard une tendinopathie pouvant conduire à la rupture du tendon d'Achille. La prise de certains médicaments, dont les antibiotiques de la classe des fluoroquinolones, et les médicaments rétinoïdes contre l'acné accroît aussi le risque de rupture de ce tendon. Enfin, la personne âgée dont le tendon présente des microtraumatismes anciens encourt ce risque: dans ce cas, la rupture ne survient pas à l'effort, mais à l'occasion d'un faux pas: une marche ratée par exemple », précise le Dr Guillaume Grosjean, chirurgien orthopédiste (chirurgie du sport, hôpital Cochin à Paris).

Sur le moment, cette rupture provoque une douleur violente mais fugace, comme si on avait reçu un coup de fouet ou un choc direct au niveau du talon. D'ailleurs, certains se retournent pour voir ce qui a bien pu les frapper aussi violemment. Un craquement peut aussi être perçu. «Mais comme la rupture de ce tendon n'empêche pas de continuer à marcher, certains pensent à tort que ce qu'ils ont ressenti est sans suite. En effet, la seule position impossible - se mettre sur la pointe du pied touché - n'est pas vraiment une position que l'on prend tous les jours », insiste le Dr Grosjean. Conséquence: au moins un quart des ruptures du tendon d'Achille passe inaperçu. Il est pourtant essentiel de faire ce diagnostic, car pour les Français qui ne se savent pas concernés, le risque de douleur chronique est réel.

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