Le cancer du testicule augmente en France
Publié par hammar le Juillet 20 2012 09:40:10
Deux études publiées jeudi montrent également une hausse des malformations génitales chez le petit garçon.

Les cancers du testicule ainsi que les malformations génitales chez le petit garçon augmentent dans notre pays. C'est ce qui ressort de deux rapports rendus publics jeudi par l'Institut de veille sanitaire et qui avaient été demandés en 2009 par Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé.

L'objectif était de voir si, en France, ces pathologies étaient de plus en plus fréquentes, à l'instar d'autres pays occidentaux. D'autres travaux pour évaluer l'évolution de la fertilité masculine dans le cadre de cette saisine sont également en cours. Certaines associations et des médecins ont mis en cause le rôle des pesticides et des perturbateurs endocriniens dans ces affections. Dans leur rapport, les experts de l'Institut de veille sanitaire ne se prononcent pas sur les causes d'un tel phénomène, qui reste pour l'instant limité.
Une augmentation de 2,5%

La cryptorchidie (anomalie du testicule non descendu dans les bourses à la naissance) est un facteur de risque du cancer du testicule. L'hypospadias est une malformation de la verge dans laquelle l'urètre s'ouvre à la face inférieure de celle-ci et non à son extrémité. Devant une augmentation des cas rapportés dans la région Languedoc-Roussillon, l'InVS avait mené une première étude sur ce sujet. Publiée en 2004, celle-ci avait montré que le taux de ces deux types de malformation opérée du petit garçon en Languedoc-Roussillon était alors comparable à la moyenne nationale.

Les deux études publiées vendredi concernent la période 1998-2008. Elles montrent d'une part une augmentation de 2,5% du taux annuel de patients opérés pour cancer du testicule, qui concerne essentiellement les hommes de 20 à 64 ans. Ce cancer n'étant pas fréquent (2200 cas en 2005, moins de 100 décès par an), l'augmentation en valeur absolue reste relativement faible, mais elle est bien réelle. Et, d'autre part, un accroissement des taux annuels d'interventions chirurgicales pour hypospadias (1,2%) et cryptorchidies (1,8%) chez le petit garçon de moins de 7 ans en France métropolitaine.

L'étude des cryptorchidies et hypospadias opérés en France de 1998 à 2008 chez le petit garçon de moins de 7 ans à partir des statistiques hospitalières prend la suite de l'investigation de 2004. Elle montre un taux d'interventions chirurgicales de 2,51 pour 1000 garçons de moins de 7 ans en France pour les cryptorchidies et de 1,10 pour 1000 pour les hypospadias. Le nombre d'interventions annuelles à l'hôpital est de 6800 pour les cryptorchidies et de 3000 pour les hypospadias. Les importantes variations régionales ne sont pas expliquées et ne sont pas superposables entre les deux malformations étudiées.
La Lorraine, la région la plus touchée

L'étude sur les cancers du testicule montre une hausse du taux de patients opérés entre 1998 et 2008 cohérente avec celle déjà rapportée sur la période 1980-2005 par les registres français de cancer. Les variations régionales (taux les plus élevés en Lorraine, Alsace, Bretagne et Pays de Loire; les plus faibles en Languedoc-Roussillon et Ile-de-France) ne sont pas expliquées et ne sont pas superposables à celles observées pour les deux malformations congénitales étudiées. «Il est important de signaler que le type même des études réalisées, à visée descriptive, ne permet pas d'établir l'existence d'une association entre la survenue des pathologies étudiées et des facteurs de risque quels qu'ils soient, environnementaux ou non», expliquent les scientifiques de l'Institut de veille sanitaire.

Pour Bernard Jegou, directeur de recherche à l'Inserm à Rennes et spécialiste de ces questions, ces deux études sont très importantes, car elles permettent enfin à la France de rattraper son retard dans l'évaluation de ces anomalies génitales. «Nous rejoignons ainsi une tendance internationale, explique-t-il. Toute la question est de savoir si ces différentes pathologies ont une origine commune ou s'il s'agit de problèmes différents. Par ailleurs, les éventuelles causes environnementales doivent être recherchées. Différentes hypothèses sont avancées, comme l'exposition de la mère pendant la grossesse à différents facteurs environnementaux, chimiques, à l'alcool, à des médicaments…»

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