Découverte du mécanisme permettant aux UVA de provoquer un cancer
Publié par La Pharmacienne le Juillet 28 2014 01:29:59
Les chercheurs mettent en garde contre les cabines à bronzer, qui diffusent de grandes quantités d'UVA.
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Les chercheurs mettent en garde contre les cabines à bronzer, qui diffusent de grandes quantités d'UVA.


Les rayons ultraviolets A (UVA) représentent plus de 95 % du rayonnement UV solaire atteignant la surface de la terre et on sait qu'ils peuvent provoquer des cancers de la peau. Leur mode d'action direct sur l'ADN des chromosomes vient d'être élucidé par une équipe CNRS du laboratoire Francis Perrin (CNRS/CEA-Iramis, à Saclay), en collaboration avec un laboratoire du CEA-Inac, à Grenoble. Ces travaux sont publiés en ligne dans le Journal of the American Chemical Society. Explications d'un des chercheurs, Dimitra Markovitsi.

Le Point.fr : Comment agissent les UVA ?

Dimitra Markovitsi : Ils engendrent des cancers de la peau en provoquant des altérations chimiques de l'ADN. En pratique, l'ADN est composé de quatre bases (adénine, thymine, guanine, cytosine), qui sont l'alphabet du code génétique et, selon la façon dont elles s'ordonnent, ces lettres constituent les différents gènes. Si une erreur se produit dans ce code génétique, l'organisme ne peut pas fonctionner normalement et des lésions cancéreuses risquent de se développer.

Pour comprendre les premières étapes de la cancérisation, nous avons utilisé de l'ADN synthétique. En pratique, il est aujourd'hui possible d'obtenir les séquences d'ADN que l'on souhaite grâce à des machines. Travailler sur l'ADN complet, composé de milliards de bases, est trop compliqué.

Qu'avez-vous découvert précisément ?

Nous avons examiné le comportement d'une double hélice d'ADN synthétique (formée uniquement de paires adénine-thymine) vis-à-vis des UVA. Nous l'avons ensuite comparé avec celui des deux simples brins complémentaires (constitués uniquement de thymine ou d'adénine). Et nous avons découvert que, individuellement, les bases composant l'ADN sont "transparentes" aux UVA. Mais l'absorption de ces rayonnements augmente sensiblement après l'appariement des deux simples brins pour former une double hélice. De plus, la probabilité qu'un UVA absorbé conduise à la formation de lésions pouvant induire des mutations cancérigènes est au moins dix fois plus élevée dans le cas d'un double brin que pour un simple brin.

En d'autres termes, nous savions que les UVA étaient cancérigènes, mais pas qu'ils avaient une action directe sur l'ADN.

Ces résultats expérimentaux peuvent-ils être extrapolés à l'homme ?

Oui, ils sont représentatifs de ce qui se passe avec l'ADN naturel. Les enjeux de cette découverte sont majeurs en termes de santé publique, car, même si les UVA sont moins cancérigènes que les UVB, leur quantité est bien supérieure : je vous rappelle que ces derniers représentent moins de 5 % des rayons ultraviolets atteignant la surface de la Terre. D'autre part, les UVA sont encore largement utilisés dans les centres de bronzage.

En pratique, mieux vaut donc éviter le bronzage artificiel et se protéger avec des crèmes qui bloquent aussi les UVA lors des expositions solaires.

Enfin, puisque les UVA agissent de façon directe sur l'ADN - et non indirectement, par le biais d'autres molécules présentes dans les cellules, comme on l'a longtemps cru -, il faut souligner que la prise de produits anti-oxydants ne sert pas à grand-chose pour contrebalancer les effets des bains de soleil...