L’HYGIÈNE FAIT SOUVENT DÉFAUT DANS LES HÔPITAUX
Publié par hammar le Février 04 2009 15:27:30
La difficile lutte contre les mentalités archaïquesAvec une prévalence d’infections nosocomiales qui avoisinent les 14 % au niveau national, les hôpitaux algériens sont souvent montrés du doigt...

Nouvelles étendues

La difficile lutte contre les mentalités archaïquesAvec une prévalence d’infections nosocomiales qui avoisinent les 14 % au niveau national, les hôpitaux algériens sont souvent montrés du doigt : ni les malades qui s’y rendent ni les médecins qui y travaillent n’en sont satisfaits.

Au-delà des prestations, c’est l’hygiène des lieux qui revient en tête de liste des griefs. Le coup de gueule du ministre de la Santé, la semaine dernière, est certainement justifié mais viendra-t-il à bout d’une problématique qui préoccupe les gestionnaires des structures sanitaires ? Ces dernières ont-elles les moyens de respecter les normes en la matière ?

Est-ce une question de moyens ou de mentalités ? Petit tour dans un CHU et dans un centre de santé de proximité… Polyclinique de Beaulieu. Il est un peu plus de 10 heures. Beaucoup de monde dans le hall. Peu de chaises. Les plus chanceux sont assis. Les autres font les cent pas. Les lieux sont d’une propreté approximative. L’accueil est spartiate. De par sa mission première de structure de proximité, la polyclinique propose, en plus des consultations et de la vaccination des petits enfants, des actes comme les changements de pansements ou les injections. Des activités qui génèrent des déchets hospitaliers dits contaminants.

Ici, a-t- on adopté les standards en matière de tri des déchets ? Visiblement pas. Les seringues et les pansements, sont jetés dans une poubelle tout ce qu’il y a de plus ordinaire pour être ensuite déversés dans de grands sacs-poubelles. Les femmes de ménage ont-elles adopté le système des doubles seaux exigé par les normes ? Mettent-elles des gants avant d’effectuer leurs tâches ? Non ! Elles semblent à mille lieues de s’imaginer qu’en faisant le ménage, elles s’exposent, au quotidien, à des dangers qu’elles ne soupçonnent même pas. Changement de décor, direction le CHU Parnet. Sans rendez-vous préalable, le directeur de la structure se prête au jeu des questions-réponses avant d’ouvrir les portes de sa structure.

Pour M. Talhi, la question de la propreté est devenue si cruciale qu’il préfère parler de «fonction hygiène ». Particularité de cette structure : dans tous les services, il existe des sacs-poubelles jaunes et d’autres verts. Les premiers reçoivent les déchets contaminants tandis que les seconds sont destinés aux déchets dits ménagers, selon des normes appliquées dans tous les hôpitaux du monde. Dans toutes les salles de soins, on rappelle au personnel, par le biais de notes, l’utilité du tri et la nécessité de se laver les mains avant et après chaque acte. Le premier responsable de l’hôpital reconnaît que la tâche n’a pas été facile, qu’il a fallu sensibiliser à certains moments et sévir à d’autres pour que le personnel adopte enfin les bons réflexes. La démarche a visiblement payé puisque la prévalence des infections nosocomiales est passée de 20% en 2002 à 3 % actuellement. Une prouesse due non seulement aux moyens techniques acquis par l’hôpital, mais également au changement des mentalités. Sans l’adhésion du personnel, notamment les paramédicaux, aucune stratégie n’aurait pu marcher.

Les paramédicaux et le personnel d’entretien ont été formés et sensibilisés car considérés comme «la cheville ouvrière de la lutte contre les infections nosocomiales». Selon le directeur du CHU, un hôpital est par essence gros producteur de déchets. Il a fallu commencer par apprendre au personnel à faire le tri avec les fameux sachets jaunes et verts placés sur des chariots pour éviter les manipulations. Les objets tranchants et coupants sont, quant à eux, disposés dans des conteneurs spéciaux. A l’extérieur de chaque service, deux niches sont installées. Elles servent à recevoir séparément les sachets à déchets contaminants ou pas. Net Com se charge de récupérer les déchets non contaminants, d’autres intervenants s’occupent des déchets hospitaliers. A l’intérieur des blocs opératoires, le nettoyage se fait à la vapeur alors qu’une unité de lavage du linge du personnel est opérationnelle. Les femmes de ménage ont fini, quant à elles, par comprendre l’intérêt de porter des gants et d’utiliser les seaux à deux bacs.

Ces actions n’empêchent pas l’apparition, de temps à autre, de cas d’infections. Le directeur est formel : chaque cas est automatiquement suivi par une enquête qui détermine l’origine de la défaillance car, comme l’indique M. Talhi, s’il y a infection, c’est qu’assurément quelqu’un ne s’est pas lavé les mains ou qu’un équipement n’a pas été bien désinfecté. Le service de pédiatrie du CHU illustre bien le dispositif mis en place. Devant les portes d’entrée, les consignes sont claires : la direction rappelle les directives qui sont d’ailleurs entrées dans les mœurs.

Le personnel médical, le paramédical et celui de l’entretien travaillent dans le respect des normes, convaincus que la lutte contre les infections nosocomiales passe par une prise de conscience collective car il ne suffit pas de menacer mais il faut des moyens et la volonté de tous.


le soir d'algérie