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Les lasers causent des lésions |
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Deux danseurs ont subi de graves lésions oculaires lors du festival Tomorrowland qui se déroulait à la fin du mois de juillet en province d’Anvers.
Selon Peter Stalmans, l’ophtalmologue qui a soigné les festivaliers, les puissants lasers utilisés pendant le show sont la cause des brûlures. Du côté des organisateurs, ID&T Belgium, on se défend : les rayons lasers répondent aux normes allemandes les plus strictes. Ils incriminent plutôt les stylos lasers utilisés par certains danseurs.
Mais quels sont les dangers réels de ces différents lasers ?
Les lasers (de « light amplification stimulated emission of radiation ») sont répertoriés en plusieurs classes, par ordre de puissance. En bas de l’échelle : les lasers de classe 1. Ces lasers ne représentent aucun danger dans des conditions d’utilisation « normales ». Les lasers de classe 4 quant à eux sont capables de produire des réflexions diffuses dangereuses. Leur utilisation requiert des précautions extrêmes.
Ces précautions, selon les organisateurs, ont été respectées par l’entreprise spécialisée, Laser Image, qui a installé les lasers lors du festival anversois. Mais les faits sont là. Deux participants ont été touchés par les rayons. « L’une voit des fils, des formes qui bougent et des taches. Mais elle devrait s’en sortir. L’autre souffre d’une tache noire sur le point de fixation, il a perdu la vision centrale d’un œil, à vie », témoigne le professeur Stalmans, spécialiste en ophtalmologie à l’UZ de Leuven.
Le docteur Mamisoa Andriantafika, ophtalmologue au centre d’ophtalmologie de Bruxelles- Madou, explique les dangers du laser. « C’est une source lumineuse cohérente, c’est-à-dire concentrée en un même point. Quand le faisceau touche la rétine, le laser brûle l’épithélium pigmentaire, la couche externe pigmentée de la rétine. Cette brûlure focale touche la fovéa, zone de la rétine où la vision est la plus précise. Et la capacité visuelle est fortement diminuée. » Les cicatrices de ces brûlures forment des taches noires sur les yeux.
L’accident qui a eu lieu est probable selon le docteur Andriantafika, mais difficile à expliquer. Car les dommages causés sont liés au temps d’exposition. « Au-dessus d’une exposition de 60 secondes, avec un laser appartenant au moins à la classe 3, des lésions ont été observées lors d’une expérience. Mais en dessous de ce laps de temps, cela n’est pas possible. »
La durée d’exposition au faisceau, la puissance mais également la distance entre la cible et la source sont déterminantes. Il semble donc que les victimes aient été en contact assez longtemps et assez près du faisceau.
Après la plainte de l’une des victimes, les réactions fusent sur certains forums. Un accident paraît impossible aux festivaliers, certains pensant même à une histoire inventée de toutes pièces.
Pourtant, James Stewart, chef de la sécurité en Angleterre lors de nombreux événements avec effets spéciaux, dénonce un manque de professionnalisme et de connaissances de certains organisateurs. Même parmi les événements les plus importants. « Des tests ont prouvé que certains lasers pointés en direction du public dépassent l’exposition maximale permise » (pour des lasers faisant partie des classes 3 et 4). Selon le spécialiste anglais, les lasers utilisés à Tomorrowland faisaient partie de la classe 4… Leur puissance effective est officiellement inconnue : le site de la société Laser Image étant « temporairement indisponible… »
Les affirmations d’ID&T Belgium, qui considère les stylos lasers des danseurs comme étant la cause des brûlures, paraissent impossibles pour Peter Stalmans. « Il faut une exposition au laser soutenue, d’au moins deux minutes et sans fermeture de l’œil, avec le regard délibérément dirigé vers le rayon. » Ces petits stylos, utilisés lors de conférences par exemple, sont accessibles dans le commerce. Ils pourraient effectivement causer des dommages graves dans les mains d’un enfant. Mais Test-Achats n’a jamais enregistré aucune plainte de ce type. L’explication des organisateurs paraît donc
bien mince.
LE SOIR
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