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La plante est l’avenir de l’Homme |
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Alors que la conférence sur le climat vient de se refermer à Copenhague, nul ne peut contester aujourd’hui la nécessité de sauvegarder notre écosystème, et en particulier, la diversité du règne végétal. D’autant que de sa survie dépend aussi la nôtre. Pierre Delaveau, de l’Académie de pharmacie, estime ainsi que certains tropismes existent entre les hommes et les plantes. Sans parler de leurs potentialités thérapeutiques qui, à en croire le spécialiste, sont encore loin d’être toutes révélées.
C’est un légumer01;! Voilà bien une expression que le Professeur Pierre Delaveau, pourtant prompt à rapprocher l’homme de la plante, n’apprécie guère. « Le règne végétal n’est pas idiot », s’exclame ce docteur en médecine et pharmacie, spécialisé en pharmacognosie. Devant l’Académie nationale de pharmacie, dont il est président honoraire, sa voix se mêle à celles de ceux, qui à Copenhague et ailleurs, défendent avec conviction la noblesse et l’intelligence de la nature. Le Pr Delaveau parle d’« ingénierie végétale », qui s’exprime dans les téguments des plantes ou dans leur aptitude à transporter des fluides. En outre, les plantes sont douées de tropismes incroyables : le phototropisme, l’héliotropisme ou l’hydrotropisme. Elles sont également capables de thigmotropisme. Ce phénomène bien connu des jardiniers consiste à développer des vrilles pour s’enrouler sur un support, comme le font le concombre ou la bryone. Le géotropisme est l’orientation de la croissance d’un végétal en fonction de la pesanteur. « Il y a des cellules dans la coiffe des racines qui renferment des concrétions calcaires, explique Pierre Delaveau. Le schéma est proche de celui de l’oreille interne, qui permet notre maintien en position verticale ». Pour appuyer son plaidoyer, le scientifique rapproche autant que possible le fonctionnement végétal de celui de l’homme. Il voit par exemple dans les stolons des fraises le principe de la conquête des marchés. C’est aussi valable pour les épervières, les prunelles, les menthes ou les pâquerettes, énumère t-il. « Des études ont montré que les plantes ont des conversations, qu’elles discutent entre elles sous le sol », s’émerveille le chercheur.
Grâces et disgrâces.
Tout au long de sa carrière, le Pr Delaveau s’est beaucoup intéressé aux interactions entre le genre humain et la nature. « La découverte des plantes s’est faite par la quête alimentaire, rappelle t-il. Certaines autres ont eu des usages thérapeutiques. Mais aussi un emploi pour la guerre et la chasse, comme les curares ». Au cours des siècles, l’intérêt s’est d’abord porté sur les plantes purgatives (dans la lignée du concept des humeurs édicté par Galien) et les plantes à tanins, avec la nécessité de traiter les troubles digestifs consécutifs à la mauvaise conservation des aliments. Les plantes toniques et astringentes présentent toujours un intérêt en cosmétologie. « Mais des grands ténors d’autrefois sont tombés en désuétude », indique le Pr Delaveau, citant la belladone, la digitaline ou l’ergot de seigle. Les dérivés de la quinine et les productions par hémisynthèse, notamment du taxol, ont au contraire un intérêt affirmé. Également à l’honneur aujourd’hui, les plantes dont on tire des huiles essentielles. Certains autres végétaux connaissent une alternance de grâces et de disgrâces. « Le millepertuis, actif dans le cas de troubles dépressifs, induit une modification du métabolisme des médicaments, comme les antirétroviraux ou les pilules contraceptives », note le Pr Delaveau. Sur la sellette, encore, le basilic, dont on a découvert qu’il pouvait être mutagène chez le rat. « L’absinthe reviendra peut être un peu plus tard. Le pamplemousse est à l’origine de troubles métaboliques qui ne devraient toutefois pas remettre en cause sa production », énumère le chercheur.
Une prise de conscience indispensable.
Aujourd’hui, nos médicaments sont, pour 30 à 40 % d’entre eux, tirés de plantes. L’engouement pour les végétaux dans le domaine thérapeutique est lié aux besoins de nos contemporains : plantes améliorant la circulation veineuse, plantes stimulantes, plantes neurodépressives sans accoutumance, plantes luttant contre l’infection urinaire. « Il y a aussi des plantes mineures, qui n’ont pas d’AMM, mais à côté desquelles il ne faudrait pas passer », précise le Pr Delaveau. Celui-ci regrette la déconsidération des plantes médicinales et la banalisation de leur emploi. L’académicien invite les pharmaciens à se méfier des allégations et autres « expressions qui éblouissent le client ». Il lutte contre les « phytobêtises » et les « biostupidités » émises ici ou là. Pour le chercheur, la préservation des plantes passe aussi par leur crédibilité auprès du public. Ceci d’autant plus que toutes n’ont pas révélé leurs atouts en thérapeutique. Il y a encore beaucoup à découvrir, et notamment l’intérêt de la substance utilisée en thérapeutique pour la plante qui la produit. Fort de ce constat, il faut prendre aujourd’hui conscience de la richesse de la biodiversité. « Cette notion née dans les années 1970 est devenue une valeur positive pour l’homme actuel, mais qui n’est parfois qu’une valeur électorale », pointe le Pr Delaveau. Quand la politique se met au service de l’écologie, et non l’inverse.
Le Quotidien du Pharmacien |
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