Une équipe de chercheurs a trouvé un moyen de bloquer un groupe de toxines bactériennes mortelles qui résistaient à toutes tentatives de traitement par des médicaments conventionnels.
Ces toxines, appelées superantigènes, sont produites par un groupe de staphylocoques et streptocoques particulièrement pathogènes. Lorsque ces bactéries attaquent les humains, les toxines qu’elles secrètent déclenchent une réaction immunitaire très forte décrite comme une «tempête immunitaire» qui peut aboutir à un choc toxique ou septique
Le Professeur Raymond Kaempfer de l'Institut de recherche médicale du Canada en Israël (IMRIC), a étudié comment ces toxines engagent le système immunitaire. Les chercheurs ont découvert que pour exercer son action nuisible, une toxine doit d'abord se lier à une protéine de surface d’une cellule immunitaire humaine, un récepteur appelé CD28.
CD28 est connu depuis longtemps comme un acteur clé de la réponse immunitaire, mais sa capacité à reconnaître les composants microbiens - les superantigènes - est une surprise totale. L'équipe a découvert que les toxines deviennent pathogènes en cooptant les récepteurs CD28, cette liaison est à l’origine de la tempête immunitaire.
Les chercheurs ont alors conçu des leurres, des fragments de protéines qui imitent les zones de contact des toxines avec les récepteurs CD28. Ces leurres bloquent le recrutement des récepteurs CD28 par les toxines inhibant ainsi la réponse immunitaire trop forte normalement induite. Toutes les toxines fonctionnent via le récepteur CD28, rendant ces leurres largement efficaces contre divers types d’infections bactériennes.
Ces résultats fournissent une nouvelle approche thérapeutique contre les chocs toxiques. Ces leurres sont en effet orientés contre le système immunitaire humain lui-même, plutôt que contre l'agent pathogène. Cette méthode, qui doit encore être validée par des tests sur des patients, présente donc le grand avantage de ne pas générer de résistances, comme avec les antibiotiques, puisque c’est l’hôte qui est visé par le traitement. Sciences et Avenir.fr |